Chapitre 10

 

Bones, qui craignait toujours que le mystérieux bienfaiteur de Max fasse partie des invités, ne me lâchait pas d’une semelle. Cela ne me dérangeait pas, pour deux raisons. Tout d’abord, il n’avait peut-être pas tort. Les morts-vivants étaient légion ce soir, et qui pouvait dire combien d’entre eux étaient réellement nos alliés ? Quant à la seconde raison, elle était simple. La puissance inédite qui émanait désormais de lui était une véritable caresse sur ma peau.

Mais lorsque des hommes et des femmes nus comme des vers apparurent pour se mêler aux invités, je m’arrêtai net.

Bones pouffa : soit il avait lu dans mes pensées, soit il avait deviné ma question à l’expression de mon visage.

— Ce sont les hors-d œuvre, Chaton. Tu as vu comme ils scintillent ? C’est une mixture très spéciale, et comestible. Regarde également ceux qui ont des bras en plus. Ce ne sont pas des malformations de naissance, ce sont des mets en forme de bras qu’on leur a collés sur le corps. Il en faut pour toutes les goules… euh, pour tous les goûts !

Incrédule, je regardai l’une de ces friandises vivantes s’asseoir sur les genoux d’un vampire pour lui offrir son cou. Pendant ce temps, une goule mordait calmement dans ce qui semblait être un faux bras fixé sur son torse. Beurk !

Je recouvrai ma voix.

— C’est le cocktail le plus déjanté que j’ai jamais vu. Comment les avez-vous persuadés d’accepter ? En les hypnotisant avec vos yeux verts ?

Il ricana.

— Pas vraiment. Ils sont tous volontaires, mon chou. Certains d’entre eux appartiennent à Mencheres ou à moi, et les autres sont des groupies, si j’ose dire. Des gens qui connaissent l’existence des vampires et des goules, et qui espèrent qu’un mort-vivant sympa les transformera. Cela arrive, bien sûr. Sinon, nous ne les attirerions pas en si grand nombre. Certains offrent plus qu’un petit coup à boire, mais c’est leur choix. Je ne les force pas.

Autrement dit, ils servaient à la fois de repas et de passe-temps. Comme ma vie avait changé… J’étais l’une des vedettes d’une sauterie en l’honneur de l’alliance entre Bones et un Maître vampire ultra-puissant. Qu’allais-je devenir ensuite ? Organisatrice d’orgies géantes ?

Bones me prit la main.

— Éloignons-nous un moment, murmura-t-il en me faisant reculer jusque dans une pièce voisine.

Après que nous eûmes dépassé la bibliothèque, dont les rayonnages s’élevaient jusqu’au plafond, il enclencha un levier, puis nous pénétrâmes dans un passage étroit et sombre sans que j’aie eu le temps de voir où se situait son entrée.

— Un tunnel secret ? dis-je d’un ton moqueur. Dans le genre conspirateur, on ne fait pas mieux.

Il sourit.

— Ah, nous y sommes. Enfin seuls.

Il s’agissait d’une petite pièce, borgne et complètement vide. Elle ne comportait qu’une petite trappe au plafond.

— Ça mène au toit via le grenier, m’expliqua-t-il. C’est une sortie de secours pour les cas d’urgence. Et les murs sont en béton très épais, donc le son passe plus difficilement.

Ce qui signifiait que nous pouvions parler sans être entendus.

— Désormais, tu peux lire dans mon esprit, soufflai-je. Bon Dieu, Bones, ça me fiche les chocottes.

— J’aimerais pouvoir te dire que je n’écouterai pas tes pensées, mais ce serait un mensonge. Tu m’es trop proche pour que j’arrive à les bloquer entièrement, et je ne peux pas te promettre que je le ferais même si je le pouvais. Je veux tout connaître de toi, Chaton. Ce que tu me montres, et ce que tu essaies de me cacher.

Ce n’était pas la peine de discuter. Si on m’avait accordé ce pouvoir, je me serais sentie coupable de m’en servir. Mencheres avait dit que la puissance de Bones augmenterait, mais il n’avait pas précisé que ce dernier gagnerait de nouvelles capacités. Je me demandais quelles autres différences allaient encore apparaître.

— Ma vue et mon ouïe sont plus acérées, répondit Bones comme si j’avais parlé à voix haute. Et bien sûr, je me sens sensiblement plus fort. Quant aux autres changements, nous les découvrirons avec le temps.

— J’ai toujours autant de doutes, grommelai-je.

C’était étrange de le voir répondre à mes questions avant même que j’aie eu le temps de les poser.

Bones étudia mon visage.

— Je suis toujours le même, ma belle. Seules mes capacités ont changé. Est-ce que tu peux t’en convaincre ?

Il avait certainement entendu la réponse avant que je l’exprime à voix haute, mais je la prononçai quand même.

— Oui.

Bones me donna quelques gouttes de son sang afin que je recouvre des forces, puis nous retournâmes nous mêler aux festivités douteuses de la pièce voisine. Mes sens étaient tellement affûtés que j’avais l’impression d’avoir ingurgité un litre de café très serré. Don va s’évanouir de joie lorsqu’il ajoutera cet échantillon à sa petite collection hebdomadaire, me moquai-je en pensée.

Tate était de l’autre côté de la pièce. Il attira mon regard et se frotta deux fois le nez. Je me raidis. C’était un ancien signal indiquant des ennuis. Il se retourna immédiatement pour que personne ne se doute que nous venions d’échanger un message.

Les nouvelles antennes télépathiques de Bones allaient pouvoir démontrer toute leur utilité. Il se passe quelque chose, Tate est inquiet. S’il existe un protocole de sécurisation du bâtiment, je crois que c’est le moment de l’enclencher.

Bones se fraya un chemin jusqu’à Mencheres en veillant à me garder à ses côtés tandis que nous fendions la foule. Ils n’échangèrent aucun mot. Peut-être Mencheres avait-il également entendu mon avertissement mental, car il hocha une fois la tête avant de faire un geste à l’un de ses gardes.

C’est alors que l’enfer se déchaîna.

Un vampire qui se dirigeait vers nous explosa. Littéralement, en mille morceaux, ses chairs carbonisées disséminées un peu partout. Trois autres se précipitèrent sur nous à une vitesse de kamikaze.

Bones, à la manière d’un quarterback de football américain faisant une passe désespérée, me lança à travers la pièce en direction de Tate, qui bondit en avant. Il était plus que temps. L’explosion des trois vampires m’assourdit momentanément. Tate me rattrapa et se servit de son corps comme d’un bouclier pour me protéger de l’attaque soudaine des bombes humaines et inhumaines qui semblaient nous entourer. Deux autres de nos entremets humains explosèrent à leur tour, aspergeant de leurs entrailles tous les chanceux que leur explosion n’avait pas tués. Je me redressai pour regarder par-dessus l’épaule de Tate et lui donnai des coups tandis qu’il courait pour nous éloigner de la foule.

— Bon Dieu, lâche-moi !

— Tu ne comprends pas, souffla-t-il entre ses dents avant de m’envoyer un coup de coude dans la tête qui me mit brièvement KO.

Ayant recouvré mes esprits, je commençai à me débattre alors qu’il fendait la foule en courant. Toutes les sorties étaient gardées par des vampires des lignées de Bones ou de Mencheres, mais ils nous laissèrent passer après que Bones eut crié un ordre à leur intention. J’éprouvai un intense soulagement en entendant sa voix. Au moins, il était en vie.

Tate plaqua sa main contre ma bouche et l’y laissa, même lorsque je le mordis. C’était la seule blessure que je pouvais lui infliger étant donné la position dans laquelle je me trouvais, jetée sur son épaule comme un vulgaire sac. Ce ne fut qu’une fois dehors, sur la pelouse, qu’il s’arrêta enfin.

— Lâche ma main, il faut que j’y retourne, grogna-t-il en me posant au sol.

Je desserrai les mâchoires et me mis à hurler.

— Mais bordel de merde, Tate ! Tu crois que je vais rester tranquillement assise ici pendant que des gens explosent…

— Il y a une bombe, Cat. La maison va sauter.

Sous le choc de la nouvelle, je restai muette une seconde, puis je repartis en direction de la bâtisse.

Tate me frappa, fort, et me fit vaciller en arrière.

— Je n’ai pas le temps de t’expliquer, dit-il d’un ton furieux. Mais je vais évacuer tout le monde, même ton petit copain. Si tu vois Talisman, attrape-le. Il est impliqué dans cette affaire. Surveille le périmètre, Cat.

Il repartit à l’intérieur en courant, et j’hésitai à le suivre. Tout en moi me poussait à retourner dans la maison et à avertir Bones de la présence de la bombe. Et si Tate n’arrivait pas jusqu’à lui à temps ? Je lui hurlai mentalement des avertissements, mais avec le chaos qui régnait à l’intérieur, je ne savais pas s’il parviendrait à m’entendre.

C’est alors que je vis trois formes avancer furtivement sur le toit. Il ne m’en fallut pas plus pour prendre ma décision. Tiens, tiens, les rats quittent le navire ?

Je les interceptai en plein vol lorsqu’ils sautèrent du toit, la puissance de mon bond les propulsant contre le mur. Je n’eus qu’une fraction de seconde pour les identifier avant de leur rentrer dedans, mais cela me suffit pour savoir lesquels je devais embrocher. Les deux sbires reçurent chacun une dague en pleine poitrine tandis que je fendais le crâne de Talisman sur les murs en pierre pour l’étourdir sans le tuer.

Recouvrant ses esprits, il se mit à donner des coups de canines furieux dans tous les sens. Talisman était un Maître vampire, et il n’avait pas l’intention de se laisser faire. Nous roulâmes sur la pelouse en nous mordant mutuellement. Très vite, je fus couverte d’une multitude de marques aux endroits où il m’avait mordue sans toutefois réussir à planter ses crocs dans ma chair. Ce ne fut que lorsque je lui enfonçai mon couteau dans le cœur qu’il s’immobilisa. Avec un sourire malicieux, je fis très légèrement bouger la lame.

— Une seule torsion et tu te retrouves transformé en momie, enfoiré. Je me tiendrais très tranquille si j’étais toi.

Mais il n’était pas moi.

— Pas question que je subisse le sort de ton père, dit-il.

Joignant les actes à la parole, il fit un mouvement brusque au-dessus de moi et son cœur se déchira, signant son arrêt de mort.

— Merde ! m’exclamai-je en repoussant son cadavre.

Je n’eus pas le temps de m’appesantir sur le suicide de Talisman. Les portes de la maison s’ouvrirent et des groupes de vampires et de goules en sortirent sous la houlette des gardes. Ils étaient si nombreux que j’avais l’impression d’assister à l’évacuation d’une fourmilière. Mais aucun de ces visages n’était celui de Bones.

J’aperçus Annette dans la foule et lui saisis le bras au passage.

— Où est Bones ? Pourquoi est-ce qu’il n’est pas sorti ? Il est au courant, n’est-ce pas ?

Je n’avais pas prononcé le mot « bombe », car je ne voulais pas déclencher un mouvement de panique. Annette semblait elle-même éreintée et avait perdu son maintien habituel.

— Il est toujours à l’intérieur. Il refuse de sortir tant que toute sa lignée n’est pas en sécurité et qu’il n’a pas trouvé tous ceux qui sont impliqués.

— Pas question, grognai-je.

Annette m’agrippa le bras et ne le lâcha pas.

— Crispin a dit que tu devais rester dehors, insista-t-elle en me retenant.

Malgré la gravité de la situation, je pris un malin plaisir à faire ce que je fis ensuite. C’était mesquin de ma part, mais l’occasion était trop belle. Je me retournai soudain et la frappai si fort qu’elle tomba sur le sol, le crâne entaillé. Au moins, elle ne pouvait plus me retenir. Je vous avais bien dit que ce n’était pas juste pour le plaisir !

Alors que je fonçais vers la maison, je manquai de peu de percuter Spade de plein fouet.

— Ne songe même pas à m’arrêter, l’avertis-je en prenant plusieurs couteaux dans mes maires pour donner plus de poids à ma menace.

Ce fut à peine s’il les regarda.

— Viens avec moi, il faut qu’on sorte Crispin de là. Tate aussi est toujours à l’intérieur. À vue de nez, on a moins de quatre minutes.

Quatre minutes ! Un vampire pouvait survivre à beaucoup de choses, mais pas à l’explosion de son corps en mille morceaux. La peur me faisait oublier toute prudence et je me précipitai le plus vite possible dans la maison, Spade sur mes talons.

Nous étions dans le hall désert lorsqu’il bondit. J’étais en train de scruter tous les coins à la recherche d’un danger potentiel, loin de me douter qu’il pourrait provenir de l’homme à mes côtés. Il me frappa à la tête sans prévenir. Une minute plus tôt, j’étais occupée à inspecter un couloir, et celle d’après je voyais des étoiles. Puis tout devint noir.

Lorsque je rouvris les yeux, nous étions allongés sur la pelouse à cent mètres de la maison. Spade me maintenait dans une étreinte d’acier. Même ses jambes étaient entortillées autour des miennes.

— Espèce de sale sournois, parvins-je à dire en essayant vainement de me dégager.

Spade m’adressa un sourire sardonique tout en resserrant son étreinte.

— Désolé, mon ange, mais Crispin me tuerait si je laissais quoi que ce soit t’arriver.

Quelque chose bougea sur le toit. Comme Spade était à moitié sur moi, je ne pouvais pas voir de qui – ou de quoi – il s’agissait.

— C’est lui ? demandai-je d’une voix désespérée.

Spade tendit le cou.

— Je ne suis pas…

Sa réponse fut interrompue par une explosion qui illumina subitement le ciel, comme si Dieu avait appuyé sur un bouton. Je criai et me débattis alors que Spade me plaquait face contre terre et plaçait son corps au-dessus du mien. Mon visage se retrouva enfoncé dans l’herbe et j’entendis de lourds bruits d’impacts tout autour de nous. Il s’agissait certainement des débris de la maison qui s’abattaient sur la pelouse, telle la pluie de soufre et de feu qui avait détruit Sodome et Gomorrhe. Je suffoquais à cause de la fumée, même avec le visage enfoui dans la terre.

Spade ne bougea pas pendant plusieurs minutes, malgré mes protestations essoufflées. Ce ne fut que lorsque la pluie de débris s’arrêta complètement qu’il m’autorisa à m’asseoir, mais sans desserrer son étreinte.

Les vampires et les goules qui se trouvaient autour de nous n’avaient pas hurlé en voyant la maison exploser dans la nuit. Ils semblaient un peu secoués, mais pas traumatisés.

— Charles, donne-moi un coup de main avec ça.

Bones apparut au-dessus de nous dans les tourbillons de fumée. J’étais si soulagée de le voir que je faillis pleurer. Il était couvert de suie, une grande partie de ses vêtements avait brûlé, et ses cheveux étaient carbonisés par endroits. Il tenait également trois vampires dans ses bras. Il les jeta au sol lorsqu’il atterrit.

— Tiens ces deux-là. Sales petits merdeux, maugréa-t-il en donnant un coup de pied à l’un d’entre eux.

Le troisième s’assit et secoua la tête, comme pour s’éclaircir les idées.

C’était Tate. Dieu merci, il s’en était sorti lui aussi. Spade me lâcha lorsque Bones s’agenouilla à côté de moi, et je me jetai à son cou.

— Je suis si heureuse que tu n’aies rien… et ne t’avise plus jamais de dire à tes amis de me retenir, nom d’un chien !

Bones eut un petit rire.

— Pourrions-nous en débattre plus tard, Chaton ? On a encore des choses à régler, tu sais.

Il me repoussa légèrement pour me regarder.

— Qu’est-ce qui t’est arrivé ? Tu as le teint tout chiffonné.

Il prit l’un, de mes couteaux et s’entailla la paume. Je bus son sang et la douleur qui tourbillonnait dans ma tête s’évanouit progressivement.

— Juan et Cooper vont bien ? demandai-je en tentant de les repérer dans les groupes de survivants.

— Je les entends, répondit Tate. Ils n’ont rien.

Bones regarda Tate avec insistance.

— Comment as-tu su ce qui allait se passer ?

Un éclair vert illumina les yeux de Tate.

— Cette ordure de Talisman est venu me trouver pendant que toi et Cat vous étiez éclipsés je ne sais où. Il m’a dit qu’il avait entendu parler de mes sentiments envers Cat, et qu’il m’offrait l’occasion de l’avoir rien que pour moi. Tout ce que j’avais à faire, c’était m’assurer que tu étais à l’intérieur de la maison quand les corps commenceraient à exploser. Talisman se doutait que tu chercherais autant que possible à éloigner Cat des grenades humaines ; j’étais donc censé la faire sortir et en profiter pour sauver ma peau. J’aurais fait d’une pierre deux coups : toi mort, la Faucheuse aurait eu besoin de quelqu’un pour la consoler. Entre nous, c’était assez tentant.

— Je sais que tu n’aurais jamais fait ça, Tate, dis-je aussitôt. Tu as trop de bonté en toi.

Le rire qui fusa de sa bouche était chargé d’ironie.

— N’en sois pas si sûre. Plus tard, je regretterai certainement d’avoir décliné son offre.

Bones regarda Tate un long moment. Je pris le parti de taire une autre évidence : bien que Bones n’ait lui non plus aucune affection pour Tate, il lui avait sauvé la vie au lieu de le laisser exploser. Si Bones n’avait pas été là pour l’évacuer par la voie des airs, Tate aurait brûlé. Ils avaient le même sens de l’honneur, même si aucun d’eux n’accepterait jamais de l’admettre.

Mais, comme l’avait fait remarquer Bones, il y avait des questions plus urgentes à régler. Comme celle des deux vampires dépités, à cinq mètres de nous. Je plissai les yeux et leur jetai un regard furieux. Alors comme ça, on avait voulu faire exploser l’amour de ma vie ? L’heure de payer la note allait sonner.

Froid comme une Tombe
titlepage.xhtml
Frost,Janiene-[Chasseuse de la Nuit_03]Froid comme une Tombe_split_000.html
Frost,Janiene-[Chasseuse de la Nuit_03]Froid comme une Tombe_split_001.html
Frost,Janiene-[Chasseuse de la Nuit_03]Froid comme une Tombe_split_002.html
Frost,Janiene-[Chasseuse de la Nuit_03]Froid comme une Tombe_split_003.html
Frost,Janiene-[Chasseuse de la Nuit_03]Froid comme une Tombe_split_004.html
Frost,Janiene-[Chasseuse de la Nuit_03]Froid comme une Tombe_split_005.html
Frost,Janiene-[Chasseuse de la Nuit_03]Froid comme une Tombe_split_006.html
Frost,Janiene-[Chasseuse de la Nuit_03]Froid comme une Tombe_split_007.html
Frost,Janiene-[Chasseuse de la Nuit_03]Froid comme une Tombe_split_008.html
Frost,Janiene-[Chasseuse de la Nuit_03]Froid comme une Tombe_split_009.html
Frost,Janiene-[Chasseuse de la Nuit_03]Froid comme une Tombe_split_010.html
Frost,Janiene-[Chasseuse de la Nuit_03]Froid comme une Tombe_split_011.html
Frost,Janiene-[Chasseuse de la Nuit_03]Froid comme une Tombe_split_012.html
Frost,Janiene-[Chasseuse de la Nuit_03]Froid comme une Tombe_split_013.html
Frost,Janiene-[Chasseuse de la Nuit_03]Froid comme une Tombe_split_014.html
Frost,Janiene-[Chasseuse de la Nuit_03]Froid comme une Tombe_split_015.html
Frost,Janiene-[Chasseuse de la Nuit_03]Froid comme une Tombe_split_016.html
Frost,Janiene-[Chasseuse de la Nuit_03]Froid comme une Tombe_split_017.html
Frost,Janiene-[Chasseuse de la Nuit_03]Froid comme une Tombe_split_018.html
Frost,Janiene-[Chasseuse de la Nuit_03]Froid comme une Tombe_split_019.html
Frost,Janiene-[Chasseuse de la Nuit_03]Froid comme une Tombe_split_020.html
Frost,Janiene-[Chasseuse de la Nuit_03]Froid comme une Tombe_split_021.html
Frost,Janiene-[Chasseuse de la Nuit_03]Froid comme une Tombe_split_022.html
Frost,Janiene-[Chasseuse de la Nuit_03]Froid comme une Tombe_split_023.html
Frost,Janiene-[Chasseuse de la Nuit_03]Froid comme une Tombe_split_024.html
Frost,Janiene-[Chasseuse de la Nuit_03]Froid comme une Tombe_split_025.html
Frost,Janiene-[Chasseuse de la Nuit_03]Froid comme une Tombe_split_026.html
Frost,Janiene-[Chasseuse de la Nuit_03]Froid comme une Tombe_split_027.html
Frost,Janiene-[Chasseuse de la Nuit_03]Froid comme une Tombe_split_028.html
Frost,Janiene-[Chasseuse de la Nuit_03]Froid comme une Tombe_split_029.html
Frost,Janiene-[Chasseuse de la Nuit_03]Froid comme une Tombe_split_030.html
Frost,Janiene-[Chasseuse de la Nuit_03]Froid comme une Tombe_split_031.html
Frost,Janiene-[Chasseuse de la Nuit_03]Froid comme une Tombe_split_032.html
Frost,Janiene-[Chasseuse de la Nuit_03]Froid comme une Tombe_split_033.html
Frost,Janiene-[Chasseuse de la Nuit_03]Froid comme une Tombe_split_034.html
Frost,Janiene-[Chasseuse de la Nuit_03]Froid comme une Tombe_split_035.html
Frost,Janiene-[Chasseuse de la Nuit_03]Froid comme une Tombe_split_036.html
Frost,Janiene-[Chasseuse de la Nuit_03]Froid comme une Tombe_split_037.html
Frost,Janiene-[Chasseuse de la Nuit_03]Froid comme une Tombe_split_038.html
Frost,Janiene-[Chasseuse de la Nuit_03]Froid comme une Tombe_split_039.html